Depuis la crise des subprimes en 2007, six ans après le 11 septembre 2001, le camp occidental est sujet à plusieurs crises extérieures à son territoire, provoquées par les États-Unis, ayant des conséquences directes et négatives sur les peuples.

Il convient en prime abord de maîtriser certains rudiments, afin de mieux comprendre ce qui se déroule actuellement en Europe. Nous situons le départ de notre réflexion à la crise économique de la Grèce.

La crise grecque a entre autres permis à l’Allemagne, premier État créancier de l’Union, d’être propulser à la tête de l’Europe. L’Allemagne en tant que leader économique de L’Union Européen s’est ouvert aux pays de l’est, notamment la Russie. La stratégie politique et économique allemande a posé un énorme préjudice aux États-Unis, qui cherchaient depuis à vassaliser l’Europe, n’admettant aucune indépendance ou autonomie vis-à-vis de la vision politique américaine. Les États-Unis cherchaient par tous les moyens à décapiter l’Allemagne, la reléguant complétement ainsi que l’Europe au statut de protectorat. L’une des principales guerres, en Ukraine, réside dans cette volonté. De surcroît, la guerre en Ukraine a ouvert la voie au remplacement de l’axe Paris-Berlin, par l’axe Londres, Varsovie, Kiev des « Alliés » ultimes des États-Unis en Europe.

À cela s’ajoute la fragmentation en cours au sein de l’Europe à tous les niveaux, ainsi que la cessation de toute volonté d’exister d’une partie de l’élite européenne. Ces derniers semblent depuis quelques décennies, surtout depuis la guerre en Ukraine abandonner le projet européen, où au moins ce qui restait de ce projet. Par conséquence, l’Europe des peuples semble en perte de vitesse. Les valeurs civilisées de l’Europe semblent également s’affaiblir. Le débat européen est en recul même au sein des cercles des européistes. L’Europe est devenue entièrement le vassal des États-Unis, se soumettant entièrement à la protection de l’Otan.

La guerre en Ukraine est intervenue dans ce contexte de faiblesse de l’Europe, c’était l’ultime crise de déstabilisation des États-Unis envers l’Europe. Cependant, une multitude d’européiste sont devenus du jour au lendemain sans aucun caractère d’urgence des « atlantistes ». Comme le précise le démographe Emmanuel Todd ces derniers : « Sont passé du veau d’or de la monnaie unique à l’adoration de l’OTAN. »

Pendant que l’élite mondiale cherche activement à soustraire à la mainmise des États-Unis, une partie de l’élite européenne devient plus que jamais pro-américaine. D’après, Emmanuel Todd : « Ce dérapage est extrêmement dangereux pour l’Europe. »

L’Europe, comme le reste du monde est à un moment très critique de son histoire. Quand le monde semble vouloir se diversifier, l’Europe place ses investissements dans une seule et même direction, se coupant du reste du monde, prenant comme seul et unique modèle les États-Unis.

Pendant ce temps les États-Unis, qui se diversifient à leur tour, tissent des liens, jettent des ponts avec plusieurs pays dans le monde, et même négocient sous la table avec leurs ennemis. En suivant cette stratégie l’Europe se place radicalement en opposition avec plusieurs puissances mondiales, comme la Chine, la Russie ainsi que les pays émergeants. Les difficultés se situent également dans l’éviction de l’Europe du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Asie centrale. L’Europe risque de n’avoir aucun rôle a jouer en Eurasie. Quelques pays européens auront peut-être cette opportunité, mais pas l’Europe en tant qu’Union.

La soumission de l’Europe à la doxa étatsunienne la place face à l’effondrement, se rajoute à cela la montée de l’extrémisme de tout bord, qu’il soit religieux, politique, philosophique ou même écologique. Nous pourrons compléter cette analyse en y ajoutant la crise économique, se traduisant par l’inflation qui a lieu en Europe depuis le 1er janvier 2021. Cette inflation est en quelque sorte le résultat d’une conjoncture économique mondiale, mais aussi le résultat de certaines visions économiques et politiques que l’Europe subi sans broncher. Toutefois, l’abandon partiellement ou complétement du projet européen aggrave dangereusement la situation. Le projet européen était censé homogénéiser l’Europe. Cependant, cette homogénéisation n’a fonctionné que pour la monnaie unique. Ceci demeure insuffisant.

L’Europe en général subi à tous les échelons sociétales un manque d’appartenance, sur fond d’un manque de projet national, malgré la montée du nationalisme, qui se place comme rassembleur, il n’est pas pour le moment capable d’unir, de fédérer, de proposer un projet politique viable, cohérent, pacifique et homogène.

Ceci offre la possibilité aux États-Unis d’entraîner l’Europe sur plusieurs fronts dans le monde, selon ses propres intérêts stratégiques. De surcroît, une partie de l’élite européenne s’auto-persuade, et persuade l’opinion publique que les intérêts des États-Unis sont les siens.

Conjointement, l’idée d’une Allemagne leader de l’Europe, ayant des bonnes relations avec la Russie dérangeait les élites américaines. Pour cette dernière cela implique de perdre le contrôle sur l’Eurasie. Toutefois, il convient de préciser que les États-Unis avaient fondé leur conquête de l’Occident sur le combat contre l’Allemagne Nazie et le Japon. C’est la première raison pour laquelle, il fallait envenimer les relations entre l’Europe, l’Allemagne et la Russie, la présentant comme la menace suprême contre le camp occidental.

Cette posture de l’Europe risque de la pousser à la balkanisation, mais également à la balkanisation des États-Unis, surtout si nous prêtons bien attention à ce qu’il se passe avec l’État du Texas et les autres États américains qui lui vient en soutien dans son mouvement de scission. Multiples sont les analystes et observateurs qui voient dans ce mouvement une instabilité future aux États-Unis.

Pour l’Europe quasiment tous les ingrédients sont présents sur fond de nationalisme exacerbé, même si parfois cette exacerbération est légitime et même compréhensible. Les crises politiques successifs, surtout les crises économiques, ainsi que la dégradation de tout modèle sociétale européen autrefois référence mondiale, risque de mener l’Europe vers le péril.

Enfin ce que propose l’Europe de nos jours au monde constitue un modèle et des références profondément contesté par les amis avant les ennemis à travers le monde.

La question ultime demeure où va l’Europe ?

Antoine Charpentier

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